Souviens-toi des jours d'antan,
meditez les annees, d'age en age....

(Deutéronome 32:7)





Sommaire

  1. L'epoque biblique

  2. Le second Temple

  3. Sous domination etrangere

  4. Le mandat Britanique

  5. L'Etat d'Israel

  6. D'une guerre a l'autre

  7. Defis interieurs

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L'epoque biblique

Les patriarches

L'histoire juive commence il y a environ 4 000 ans (vers le XVIIe siècle avant l'ère chrétienne) avec les patriarches: Abraham, son fils Isaac et son petit-fils Jacob. Des documents exhumés en Mésopotamie et datant d'environ 2 000 - 1 500 avant l'ère chrétienne, confirment la description de leur vie de nomades qu'en donne la Bible. Le Livre de la Genèse rapporte comment Abraham, se trouvant à Ur en Chaldée, reçut l'injonction de se rendre dans le pays de Canaan pour y fonder un peuple croyant en un Dieu Un. Lorsqu'une famine frappa le pays de Canaan, Jacob (Israël), ses douze fils et leurs familles s'établirent en Egypte où leurs descendants furent réduits en esclavage et soumis à des travaux forcés.


Exode et peuplement

Après 400 ans de servitude, les Enfants d'Israël furent libérés par Moïse qui, selon le récit biblique, avait été choisi par Dieu pour emmener son peuple hors d'Egypte et retourner vers le pays d'Israël promis à leurs ancêtres (XIIIe-XIIe siècle avant l'ère chrétienne). C'est au cours des 40 années que dura leur errance dans le désert du Sinaï, qu'ils devinrent une nation. Ils y reçurent la Torah (Pentateuque) qui comprend les Dix Commandements, et donnèrent une forme et un contenu à leur foi monothéiste. L'exode d'Egypte (vers 1 300 avant l'ère chrétienne) a marqué de façon indélébile la mémoire nationale du peuple juif et est devenu le symbole de la liberté. Chaque année, les juifs célèbrent Pessah (la Pâque), Shavouot (Pentecôte, fête du don de la Loi) et Souccot (fête des Tabernacles), commémorant les événements de cette époque.

Au cours des deux siècles suivants, les Enfants d'Israël conquirent la majeure partie du pays et renoncèrent à la vie nomade pour devenir paysans et artisans, ce qui leur permit de consolider l'économie et la société. Des périodes de paix relative alternaient avec des périodes de guerre durant lesquelles le peuple se ralliait à des chefs politiques, les "Juges", élevés à ce rang en raison de leurs compétences politiques et militaires ainsi que de leur qualité de dirigeants.

La faiblesse inhérente à cette organisation tribale face aux menaces des Philistins (peuple de marins d'Asie Mineure installés sur la côté méditerranéenne) montra la nécessité de se doter d'un chef qui unirait toutes les tribus et qui serait investi d'une autorité permanente, transmissible par héritage.


La monarchie

Saül, le premier roi (vers 1020 av.), assura le passage entre cette organisation tribale aux liens distendus et l'instauration d'une monarchie par son successeur David. Le roi David (1004-965 av.) fit d'Israël une puissance importante dans la région en menant des expéditions militaires victorieuses et en particulier en provoquant la défaite définitive des Philistins, ainsi qu'en élaborant un réseau d'alliances avec les royaumes voisins. Son autorité fut alors reconnue des frontières de l'Egypte et de la mer Rouge aux rives de l'Euphrate. Sur le plan intérieur, il unifia les douze tribus d'Israël en un royaume avec Jérusalem pour capitale et il fit de la monarchie le centre de la vie nationale juive du pays. La tradition biblique lui attribue des dons de poète et de musicien révélés dans bien des versets du Livre des Psaumes.

Son fils Salomon (965-930 av.) lui succéda et renforça le royaume. Des traités avec les rois voisins, consolidés par des mariages politiques, assurèrent la paix de son royaume et en fit l'égal des grandes puissances de l'époque. Il développa le commerce extérieur et assura la prospérité intérieure en créant de grandes entreprises comme l'exploitation des mines de cuivre et la fonte des métaux. Il fortifia des villes d'importance stratégique et économique et en créa de nouvelles.

Le couronnement de son oeuvre fut la construction du Temple de Jérusalem qui devint le centre de la vie nationale et religieuse du peuple juif. La Bible attribue au roi Salomon le Livre des Proverbes et le Cantique des Cantiques.

Les Prophètes

Les Prophètes: ces sages religieux et charismatiques considérés comme étant dotés du don divin de la révélation, ont prêché à l'époque de la monarchie jusqu'environ un siècle après la destruction de Jérusalem (586 av.). Conseillers des rois en matière religieuse, morale et politique, ou critiques de leurs actions au nom des relations entre l'individu et Dieu, les prophètes étaient guidés par leur aspiration à la justice et diffusaient de puissantes paroles sur la moralité de la vie nationale juive. Leurs révélations sont conservées dans des livres inspirés de prose et de poésie dont bon nombre ont été incorporés au canon biblique.

Le message éternel et universel des Prophètes provient de leur exigence fondamentale de respecter les valeurs humaines. Des propos comme ceux d'Isaïe (1: 17) "Apprenez à faire le bien, dévouez-vous à la justice, aidez les victimes, défendez les droits de l'orphelin et la cause de la veuve" inspirent toujours l'humanité dans sa quête de justice sociale.

Le schisme

La fin du règne de Salomon fut envenimée par le mécontentement du peuple lourdement imposé pour financer ses ambitieux projets. En outre, le traitement de faveur accordé à sa propre tribu suscitait des rancoeurs chez les autres, et l'antagonisme entre la monarchie et le séparatisme tribal s'exacerba. Après la mort du roi Salomon (930 av.), une insurrection ouverte provoqua la scission des tribus du nord et le partage du pays en un royaume du nord, Israël, et un royaume du Sud, Juda, sur le territoire des tribus de Juda et de Benjamin.

Le royaume d'Israël, avec Samarie pour capitale, dura plus de deux cents ans et 19 rois y régnèrent, tandis que le royaume de Juda, fut gouverné à partir de Jérusalem pendant 350 ans par des rois de la dynastie de David, également au nombre de 19. L'expansion des empires assyrien et babylonien aboutit à soumettre d'abord Israël et plus tard Juda à une domination étrangère. Le royaume d'Israël fut détruit par les Assyriens (en 722 av.) et ses habitants, déportés en exil, tombèrent dans l'oubli. Une centaine d'années plus tard, en 586, la Babylonie conquérait le royaume de Juda, exilant la majeure partie de ses habitants et détruisant Jérusalem et le Temple.

ILa conquête babylonienne mit fin au premier Etat juif (période du Premier Temple) mais n'entama pas les liens entre le peuple juif et le Pays d'Israël. Sur les rives de Babylone, les déportés firent le serment de ne jamais oublier leur patrie: "Si je t'oublie Jérusalem, que ma droite me refuse son service; que ma langue se colle à mon palais si je ne place Jérusalem au fate de ma joie" (Psaume 137, 5-6).

L'exil de Babylone, après la destruction du Premier Temple (586 av.) marque le début de la diaspora juive. C'est alors que le judaïsme commence à élaborer un cadre religieux et un mode de vie hors du Pays d'Israël, assurant ainsi la survie nationale et l'identité spirituelle du peuple et lui insufflant la vitalité nécessaire pour préserver son avenir en tant que nation.

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Le second Temple

Le Second Retour
(538-142 av.)

Par suite d'un décret de Cyrus, roi de Perse et conquérant de l'empire de Babylonie (538 av.) près de 50 000 juifs, sous la direction de Zorobabel, descendant de la Maison de David, prirent le chemin du retour dans leur pays. Moins d'un siècle plus tard, le Second Retour fut conduit par Ezra le Scribe. Pendant les quatre siècles suivants, les juifs connurent divers degrés d'autonomie sous la domination perse (538-333 av.) puis hellénistique (Lagides et Séleucides) de 332 à 142 avant l'ère chrétienne.

Le rapatriement des juifs sous la direction inspirée d'Ezra, la construction du Second Temple, la fortification des murailles de Jérusalem et la constitution de l'organisme juridique et religieux suprême, la Knesset HaGuedola (la Grande Assemblée) marquèrent les débuts de l'ère du Second Etat juif (période du Second Temple). Au sein de l'Empire perse, la Judée était une nation rassemblée autour de Jérusalem et dont la direction était confiée au grand-prêtre et au Conseil des anciens.

Faisant partie de l'ancien monde conquis par Alexandre le Grand de Macédoine (332 av.), le Pays demeurait une théocratie juive sous contrôle des gouvernants séleucides au pouvoir en Syrie. Leur tentative d'imposer la culture et des coutumes d'inspiration grecque à l'ensemble de la population, en interdisant aux juifs de pratiquer le judaïsme et profanant le Temple, déclencha un soulèvement (166 av.). D'abord menés par Mattathias de la dynastie sacerdotale des Asmonéens, puis par son fils Judah, dit le Maccabée, les juifs pénétrèrent dans Jérusalem et purifièrent le Temple (164 av.). Ces événements sont commémorés chaque année lors de la fête de Hanouka.

La dynastie asmonéenne
(142-63 av.)

Par suite des victoires asmonéennes (142 av.), les Séleucides rétablirent l'autonomie de la Judée, comme on appelait alors le Pays d'Israël, et lors de l'effondrement du royaume séleucide (129 av.), le pays obtint à nouveau une indépendance complète. Sous la dynastie asmonéenne qui dura environ 80 ans, le royaume récupéra des frontières presque semblables à celles du royaume de Salomon. Le pouvoir politique fut consolidé et la vie juive connut un nouvel essor.

Sous la domination romaine
(63 av.-313 ap.)

Lorsque les Romains, devenus la grande puissance de la région, succédèrent aux Séleucides, ils accordèrent au roi asmonéen régnant, Hyrcan II, une autorité limitée, sous le contrôle du gouverneur romain de Damas. Les juifs, hostiles au nouveau régime, multiplièrent les insurrections au cours des années suivantes. C'est Mattathias Antigone qui fit la dernière tentative de restaurer la gloire de la dynastie asmonéenne. Sa défaite et sa mort mirent fin au régime des Asmonéens (40 av.) et le pays devint une province de l'Empire romain.

En 37 av., Hérode, gendre d'Hyrcan II, fut nommé roi de Judée par les Romains. Jouissant d'une autonomie quasi illimitée pour les affaires intérieures du pays, il devint l'un des monarques les plus puissants de la partie orientale de l'Empire romain. Grand admirateur de la culture gréco-romaine, Hérode lança un vaste programme de construction comprenant les villes de Césarée et Sébastia et les forteresses d'Hérodion et de Massada. Il restaura également le Temple et en fit l'un des édifices les plus magnifiques de l'époque. Mais en dépit de toutes ses réalisations, Hérode ne parvint pas à gagner la confiance et le soutien de ses sujets juifs.

Dix ans après la mort d'Hérode (4 av.), la Judée passa sous administration romaine directe. La colère croissante contre la suppression de plus en plus systématique de la vie juive dégénéra en violences sporadiques qui culminèrent dans une révolte de grande envergure en l'an 66 de l'ère chrétienne. Des forces romaines supérieures menées par Titus finirent par l'emporter, rasant Jérusalem (70 ap.) et réduisant le dernier bastion de Massada (an 73).

 Massada

Près de 1 000 hommes, femmes et enfants juifs qui avaient survécu à la destruction de Jérusalem, occupèrent et fortifièrent le palais du roi Hérode situé au sommet d'une montagne près de la mer Morte. Pendant trois ans, ils résistèrent aux assauts répétés des Romains pour les déloger. Lorsque les Romains finirent par percer une brèche, ils découvrirent que les défenseurs et leurs familles avaient préféré se donner la mort plutôt que d'être réduits en esclavage.

La destruction totale de Jérusalem et du Temple fut une catastrophe pour le peuple juif. Selon l'historien de l'époque Flavius Josèphe, des centaines de milliers de juifs périrent durant le siège de Jérusalem et ailleurs dans le pays, et plusieurs milliers furent réduits en esclavage.

Le chef d'une dernière révolte, Shimon Bar Kokhba (132) réussit à restaurer brièvement la souveraineté juive et à reconquérir Jérusalem et la Judée. Mais étant donné l'écrasante puissance des Romains, le résultat était inévitable. Trois ans plus tard, conformément à la coutume romaine, Jérusalem fut "rasée et son sol labouré par une charrue tirée par un boeuf". La Judée est désormais appelée Palestina et Jérusalem Aelia Capitolina.

Le Temple détruit et Jérusalem réduite en cendres, les juifs survécurent à l'affrontement avec Rome. Le corps législatif et judiciaire suprême, le Sanhédrin (successeur de la Knesset HaGuedola) se réunit à Yavné (70) et plus tard à Tibériade. Privé du cadre unificateur de l'Etat et du Temple, la petite communauté juive demeurant dans le pays se rétablit progressivement, épisodiquement renforcée par le retour des exilés. Les institutions et la vie communautaire furent restaurées, les prêtres cédant la place aux rabbins et la synagogue devenant le foyer central des peuplements juifs, comme en témoignent les vestiges de synagogues retrouvés à Capharnaüm, Korazin, Bar'am, Gamla et ailleurs. La Halakhah (droit religieux) devint le lien unissant les juifs et se transmit de génération en génération.

La Halakhah

La Halakhah est l'ensemble des lois réglant la vie juive depuis les temps post-bibliques dans le monde entier. Elle détermine les obligations religieuses des juifs, aussi bien dans leurs relations personnelles que dans le domaine rituel et couvre pratiquement tous les aspects du comportement humain: naissance et mariage, joie et deuil, agriculture et commerce, morale et théologie.

Enracinée dans la Bible, l'autorité de la Halakhah se fonde sur le Talmud, ensemble de lois et de savoir juifs (achevé vers 400), comprenant la Mishna, première compilation écrite de la Loi orale (codifiée vers 210) et la Guemara, commentaire de la Mishna. Pour permettre aux juifs de se retrouver dans l'immensité de la Halakhah des résumés succincts et pratiques ont été composés par des sages dès les premiers siècles de l'ère chrétienne. Parmi les codes qui jouissent de la plus grande autorité, il faut citer le Choulkhan Aroukh, rédigé par Joseph Caro à Safed (Tsfat) au XVIe siècle

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Sous domination etrangere

Sous domination byzantine
(313-636)

Vers la fin du IVe siècle, après l'adoption du christianisme par l'empereur Constantin (313) et le création de l'Empire byzantin, la Terre d'Israël devint un pays à prédominance chrétienne. Des églises furent construites sur les lieux saints chrétiens à Jérusalem, Bethléem et en Galilée, et des monastères furent installés en divers endroits du pays. Les juifs étaient privés de leur ancienne autonomie relative ainsi que du droit d'occuper des fonctions publiques; l'entrée de Jérusalem leur fut interdite sauf un jour par an (Tisha BeAv, le 9 Av) pour pleurer la destruction du Temple.

L'invasion perse de 614 fut soutenue par les juifs inspirés par l'espérance messianique de délivrance. En reconnaissance pour leur aide, ils obtinrent l'administration de Jérusalem, intermède qui ne dura qu'environ trois ans. En effet, l'armée byzantine reprit la ville (629) et en expulsa à nouveau ses habitants juifs.


Sous domination arabe
(636-1099)

La conquête arabe du Pays eut lieu quatre ans après la mort de Mahomet (632) et dura près de quatre siècles, les califes de Damas régnant d'abord, puis ceux de Baghdad et d'Egypte. Au début, les juifs se réinstallèrent à Jérusalem et la communauté juive se vit octroyer la "protection", statut ordinaire des non-musulmans sous domination islamique sauvegardant leur vie, leurs biens et leur accordant la liberté de culte moyennant le paiement d'une taxe et d'impôts fonciers.

Mais par la suite, des restrictions imposées aux non-musulmans (717) affectèrent les affaires publiques des juifs ainsi que leurs pratiques religieuses et leur statut juridique. L'imposition de lourdes taxes sur les terres agricoles contraignit bon nombre d'entre eux à quitter les régions rurales pour les villes, où leurs conditions étaient loin de s'améliorer, tandis qu'une discrimination économique de plus en plus marquée obligeait les autres à quitter le pays. Vers la fin du XIe siècle, la communauté juive y avait considérablement diminué et avait perdu de sa cohésion, y compris en matière religieuse.

Les croises
(1099-1291)

Pendant les deux cents années suivantes, le pays fut dominé par les croisés qui, à l'appel du pape Urbain II, partirent d'Europe pour reprendre la Terre sainte aux "infidèles". En juillet 1099, après un siège de cinq semaines, les chevaliers de la première croisade et la populace qui constituait leur armée capturèrent Jérusalem, massacrant la plupart des habitants non-chrétiens. Barricadés dans leurs synagogues, les juifs défendant leur quartier, périrent dans les incendies ou furent vendus en esclavage. Au cours des décennies suivantes, les croisés étendirent leur pouvoir au reste du pays, en partie par des traités et des accords mais la plupart du temps par des victoires militaires sanglantes. Le royaume latin des croisés fut celui d'une minorité conquérante confinée principalement dans des châteaux forts et des villes fortifiées.

Lorsque les croisés ouvrirent les routes d'Europe, les pèlerinages en Terre sainte devinrent populaires et, de ce fait, les juifs de plus en plus nombreux, cherchèrent à retourner dans leur patrie. Des documents d'époque indiquent que 300 rabbins de France et d'Angleterre arrivèrent en groupe, certains s'installant à Acco (Acre) et d'autres à Jérusalem.

Après la défaite infligée aux croisés par l'armée musulmane dirigée par Saladin (1187), les juifs retrouvèrent une certaine liberté et le droit de revenir à Jérusalem. Si les croisés reprirent pied dans le pays après la mort de Saladin (1193), leur présence se limita à un réseau de châteaux forts. La domination des croisés dans le pays prit fin après la défaite définitive que leur infligèrent les Mameluks (1291), caste militaire musulmane arrivée au pouvoir en Egypte.

Sous domination mameluke
(1291-1516)

Sous les Mameluks, le pays devint une province arriérée, dirigée depuis Damas. Acre, Jaffa (Yafo) et d'autres ports furent détruits par crainte de nouvelles croisades et le commerce maritime aussi bien que le commerce par voie de terre fut interrompu. A la fin du Moyen Age, les villes du pays étaient pratiquement en ruines, la majeure partie de Jérusalem était abandonnée et la petite communauté juive se trouvait dans la misère. La période de déclin des Mameluks fut marqué par des troubles économiques et politiques, des épidémies, des invasions de sauterelles et des tremblements de terre dévastateurs.


Sous domination ottomane
(1517-1917)

Après la conquête ottomane en 1517, le pays fut divisé en quatre districts, administrativement rattachés à la province de Damas et gouvernés depuis Istanbul. Au début de la période ottomane, un millier de familles juives vivaient dans le pays, principalement à Jérusalem, Naplouse (Sichem), Hébron, Gaza, Safed (Tsfat) et des villages de Galilée. La communauté était constituée de descendants de juifs qui avaient toujours vécu dans le Pays, ainsi que d'immigrants venus d'Afrique du Nord et d'Europe.

Jusqu'à la mort du sultan Soliman le Magnifique en 1566, une bonne administration améliora la situation et stimula l'immigration juive. Quelques nouveaux venus s'installèrent à Jérusalem, mais la majorité se rendit à Safed où, vers le milieu du XVIe siècle, la population juive avait atteint 10 000 âmes; la ville était devenue un centre textile florissant en même temps que le foyer d'une intense activité intellectuelle. Durant cette période, l'étude de la Kabbale (mystique juive) s'y développe et des commentaires modernes de la Loi juive, codifiés dans le Choulkhan Aroukh et enseignés dans les maisons d'études de Safed, se répandent dans toute la diaspora.

Avec la détérioration de l'administration ottomane, le pays se retrouva dans un état d'abandon quasi-total. A la fin du XVIIIe siècle, la plupart des terres appartenaient à des propriétaires absents et étaient louées à des paysans pauvres. La fiscalité était aussi boiteuse qu'arbitraire. Les grandes forêts de Galilée et du mont Carmel furent déboisées; les marécages et le désert gagnèrent les terres arables.

Au XIXe siècle, cette arriération médiévale céda progressivement la place aux premiers signes de progrès, diverses puissances occidentales intrigant pour y prendre pied, souvent par l'entremise d'activités missionnaires. Des savants britanniques, français et américains lancèrent des missions d'étude d'archéologie biblique; la Grande-Bretagne, la France, la Russie, l'Autriche et les Etats-Unis ouvrirent des consulats à Jérusalem. Des paquebots commencèrent à assurer des liaisons régulières avec l'Europe et des relations postales et télégraphiques furent établies; la première route reliant Jérusalem à Jaffa construite. Le pays redevint un carrefour commercial entre trois continents et sa renaissance fut accélérée par l'ouverture du canal de Suez.

Les conditions des juifs du pays en furent améliorées et leur nombre s'accrut considérablement. Vers le milieu du siècle, le surpeuplement à l'intérieur de l'enceinte de Jérusalem détermina les juifs à construire le premier quartier hors des murailles (1860) et les deux décennies suivantes, d'en ajouter sept autres qui formèrent le noyau de la ville nouvelle. En 1880, la population de Jérusalem était majoritairement juive. Des terres agricoles étaient acquises dans tout le pays et de nouveaux villages furent créés. L'hébreu, longtemps réservé à la liturgie et à la littérature, redevint langue vivante. La scène était prête pour l'apparition du mouvement sioniste.

 

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Le mandat britanique

Le sionisme.
Mouvement de libération nationale du peuple juif, tire son nom de Sion, synonyme traditionnel de Jérusalem et de la Terre d'Israël. L'idée sioniste - la rédemption du peuple juif sur sa terre ancestrale - s'enracine dans la nostalgie et le profond attachement à la Terre d'Israël qui s'exprimèrent sans discontinuer durant des siècles dans la vie juive en diaspora.

Le sionisme politique est né en réponse à l'oppression et à la persécution continues des juifs d'Europe orientale et de la désillusion croissante face àl'émancipation en Europe occidentale, qui n'avait jamais mis fin à la discrimination, ni permis l'intégration réelle des juifs dans les sociétés au sein desquelles ils vivaient. Il trouva son expression officielle dans la création de l'Organisation sioniste (1897) lors du premier congrès sioniste convoqué par Théodore Herzl à Bâle, en Suisse. Le programme du mouvement sioniste contenait des éléments idéologiques et pratiques visant à promouvoir le retour des juifs sur leur Terre; à permettre la restauration sociale, culturelle, économique et politique de la nation juive; à obtenir un foyer internationalement reconnu et juridiquement garanti pour le peuple juif dans sa patrie historique où les juifs, échappant aux persécutions, pourraient développer leur identité propre.

L'administration britannique
(1918-1948)

En juillet 1922, la Société des Nations confia à la Grande-Bretagne un Mandat sur la Palestine (le nom qui désignait alors le pays). Reconnaissant "le lien historique du peuple juif avec la Palestine", elle demandait à la Grande-Bretagne de faciliter la création d'un Foyer national juif en ce pays. Deux mois plus tard, en septembre 1922, le Conseil de la Société des Nations et la Grande-Bretagne décidèrent que les dispositions tendant à créer un Foyer national juif ne s'appliquaient pas à la région située à l'est du Jourdain, qui constituait les trois quarts du territoire du Mandat et qui devint par la suite le Royaume hashémite de Jordanie.

Immigration

Inspirés par le sionisme, et encouragés par la "sympathie [britannique] à l'égard des aspirations sionistes" quis'exprimait dans la Déclaration du ministre des Affaires étrangères Lord Balfour (1917), des immigrants arrivent par vagues successives dans le pays entre 1919 et 1939, contribuant chacune à divers aspects de la communauté juive en plein essor. Quelque 35 000 juifs arrivés entre 1919 et 1923, principalement de Russie, exercèrent une forte influence sur le caractère et l'organisation de la société pour les années à venir. Ces pionniers posèrent les bases de l'infrastructure sociale et économique, développant l'agriculture, créant des formes communautaires de peuplement rural uniques en leur genre - le kibboutz et le moshav - et fournissant la main-d'oeuvre nécessaire à la construction de routes et de logements.

La vague suivante, d'environ 60 000 personnes, venue principalement de Pologne entre 1924 et 1932, contribua particulièrement au développement de la vie urbaine. Ces immigrants s'installèrent surtout à Tel Aviv, Haïfa et Jérusalem où ils créèrent des petites entreprises, des sociétés de construction et des industries légères.

La dernière grande vague d'immigration avant la Seconde Guerre mondiale qui comptait environ 165 000 personnes, eut lieu dans les années 1930 après la prise du pouvoir par Hitler en Allemagne.

Les nouveaux immigrants, dont nombre d'universitaires et techniciens, constituèrent le premier apport important venant d'Europe centrale et occidentale. Leur éducation, leurs connaissances et leur expérience contribuèrent à élever le niveau des entreprises, à améliorer les conditions de vie rurale et urbaine et à enrichir la vie culturelle de la communauté.

Administration

  L'autorité mandataire britannique accorda aux communautés juive et arabe le droit de gérer leurs affaires intérieures. Utilisant ce droit, la communauté juive (le yishouv), élut en 1920 un organe d'administration autonome représentant les partis politiques, qui se réunissait chaque année pour faire le bilan de ses activités et élire le Conseil national (Vaad léoumi) chargé d'appliquer sa politique et de réaliser ses programmes. Financés par des ressources locales et des fonds collectés dans le monde juif, ces organismes créèrent et administrèrent un réseau national d'institutions éducatives, religieuses, sanitaires et sociales. En 1922, conformément aux dispositions du Mandat, une "Agence Juive" fut créée pour représenter le peuple juif auprès des autorités britanniques, des gouvernements étrangers et des organisations internationales.

Développement économique

Durant les trois décennies du Mandat, l'agriculture connut un grand essor: des usines furent créées, de nouvelles routes construites dans tout le pays, le Jourdain fut aménagé pour fournir de l'énergie électrique et les ressources minérales de la mer Morte commencèrent à être exploitées. La Histadrout (Confédération générale du travail) avait été fondée en 1920 pour veiller au bien-être des travailleurs et procurer des emplois par la création d'entreprises coopératives dans le secteur industriel et de services de commercialisation pour les villages agricoles coopératifs.

Culture

Jour après jour, s'élaborait une vie culturelle propre à la communauté juive du Pays d'Israël. L'art, la musique, la danse se développèrent progressivement grâce à la création d'écoles professionnelles et de studios d'art. Des galeries et salles de spectacles accueillirent expositions et représentations attirant un public exigeant. La première d'une nouvelle pièce de théâtre, la publication d'un nouveau livre ou une exposition de peinture rétrospective d'un peintre local faisait d'emblée l'objet de critiques dans la presse et devenaient le sujet des conversations dans les cafés et rencontres sociales.

L'hébreu, reconnu comme l'une des trois langues officielles du pays, aux côtés de l'anglais et de l'arabe, fut employé dans les documents officiels, les monnaies et les timbres ainsi qu'à la radio. L'édition était prolifique et le pays devint rapidement un centre mondial d'activités littéraires hébraïques. Des théâtres en tous genres ouvrirent leurs portes à un public enthousiaste et les premières pièces écrites en hébreu firent leur apparition.

Opposition arabe et restrictions britanniques

La renaissance nationale juive et les tentatives de la communauté juive de reconstruire le pays firent l'objet, dès le début, de l'opposition des nationalistes arabes. Leur ressentiment se traduisit par des flambées d'une extrême violence (1920, 1921, 1929, 1936-39): les transports juifs firent l'objet d'attaques, les champs et les forêts furent incendiés et, sans la moindre provocation, des attaques furent lancées contre la population juive.

L'échec des tentatives de dialogue avec les Arabes, amorcées par le mouvement sioniste, créa une situation explosive entre nationalismes arabe et sioniste. Conscients des objectifs opposés des deux mouvements, les Britanniques recommandèrent (1937) le partage du pays en deux Etats, juif et arabe. Les dirigeants juifs acceptèrent le principe d'une partition et chargèrent l'Agence juive de négocier avec le gouvernement britannique certains aspects de la proposition. Les Arabes cependant rejetèrent avec intransigeance tout plan de partage.

La poursuite des grandes émeutes arabes contre les juifs conduisit les Britanniques à publier en mai 1939 un Livre blanc imposant des restrictions radicales à l'immigration juive, privant ainsi d'un refuge les juifs d'Europe qui fuyaient les persécutions nazies. C'est en réponse à cette politique que David Ben Gourion, qui devait devenir le premier chef de gouvernement d'Israël, déclara au début de la Deuxième Guerre mondiale: "Nous ferons la guerre comme s'il n'y avait pas de Livre blanc et nous combattrons le Livre blanc comme s'il n'y avait pas de guerre".

Les mouvements clandestins

Trois mouvements clandestins juifs oeuvrèrent pendant la période du Mandat britannique. Le plus important en nombre fut la Haganah, fondé en 1920 par la communauté juive désireuse de se doter d'une force d'auto-défense chargée d'assurer la sécurité de la population juive. Dès le milieu des années 1930, elle pratiqua également une politique de représailles après les attaques arabes et riposta aux restrictions imposées par les Britanniques à l'immigration juive par des manifestations et des actes de sabotage. L'Etzel, fondé en 1931, rejetant la politique de retenue que s'imposait la Haganah, déclencha des opérations indépendantes contre des objectifs aussi bien arabes que britanniques. Le groupe le plus réduit et le plus militant, le Lehi, fondé en 1940, était motivé principalement par son attitude anti-britannique. Les trois groupes furent dissous lors de la création des Forces de défense d'Israël en juin 1948.

La poursuite des grandes émeutes arabes contre les juifs conduisit les Britanniques à publier en mai 1939 un Livre blanc imposant des restrictions radicales à l'immigration juive, privant ainsi d'un refuge les juifs d'Europe qui fuyaient les persécutions nazies. C'est en réponse à cette politique que David Ben Gourion, qui devait devenir le premier chef de gouvernement d'Israël, déclara au début de la Deuxième Guerre mondiale: "Nous ferons la guerre comme s'il n'y avait pas de Livre blanc et nous combattrons le Livre blanc comme s'il n'y avait pas de guerre".

Les volontaires juifs de la Seconde Guerre mondiale

Plus de 26 000 hommes et femmes de la communauté juive du pays s'engagèrent volontairement dans les forces britanniques pour combattre l'Allemagne nazie et ses alliés de l'Axe, dans des régiments des forces de terre, de l'air et de mer. En septembre 1944, les efforts de l'Agence juive dans le pays et du mouvement sioniste à l'étranger aboutissent à la reconnaissance de la participation des juifs de Palestine à l'effort de guerre, et à la création de la Brigade juive conçue comme une unité militaire indépendante au sein de l'armée britannique, avec son drapeau et son emblème. Forte d'environ 5 000 hommes, la Brigade se distingua en Egypte, dans le nord de l'Italie et au nord-ouest de l'Europe. Après la victoire des Alliés en Europe (1945) plusieurs de ses membres se joignirent aux efforts entrepris pour acheminer vers la Terre d'Israël des rescapés de la Shoah dans le cadre de l'immigration "illégale".


La Shoah

Durant la Seconde Guerre mondiale (1939-45), le régime nazi mit délibérément en oeuvre un plan de liquidation systématique de la communauté juive d'Europe. Près de six millions de juifs, dont 1,5 million d'enfants furent exterminés. Au cours de l'invasion de l'Europe par les armées nazies, les juifs furent sauvagement persécutés, soumis à toutes les formes d'humiliation et de torture, parqués dans des ghettos où des actes de résistances sporadiques provoquèrent des mesures plus terribles encore. Des ghettos, ils furent déportés dans des camps où une minorité fut soumise à d'effroyables travaux, tandis que la plupart étaient soit fusillés au cours d'exécutions en masse, soit asphyxiés dans des chambres à gaz. Bien peu réussirent à s'enfuir: certains gagnèrent d'autres pays, d'autres rejoignirent les partisans, d'autres encore furent cachés par des non-juifs au péril de leurs vies. Sur les neuf millions de juifs qui constituaient les communautés juives parmi les plus grandes et les plus dynamiques du monde, un tiers seulement, y compris ceux qui avait quitté l'Europe avant la guerre, survécut.

Après la guerre, les Britanniques réduisirent encore le nombre de juifs autorisés à s'installer dans le pays. La communauté juive riposta par la création d'un vaste réseau d'activités d'immigration "illégale" pour sauver les rescapés de la Shoah. Entre 1945 et 1948, quelque 85 000 juifs furent acheminés dans le pays par des routes secrètes souvent dangereuses, en dépit du blocus naval et des patrouilles britanniques le long des frontières pour intercepter les réfugiés avant qu'ils ne gagnent le pays. Ceux qui furent pris, étaient détenus dans des camps sur l'île de Chypre, ou rentrèrent en Europe.

Vers l'indépendance

Incapable de concilier les revendications contradictoires des communautés juive et arabe, le gouvernement britannique en arriva à demander que la "Question de la Palestine" soit inscrite à l'ordre du jour de l'Assemblée générale des Nations unies (avril 1947). Une commission spéciale fut alors constituée pour faire des propositions sur l'avenir du pays. Le 29 novembre 1947, l'Assemblée vota l'adoption de la recommandation de la commission de partager le pays en deux Etats, un Etat juif et un Etat arabe. La communauté juive accepta le plan; les Arabes le rejetèrent. Après le vote de l'ONU, les militants arabes du pays, aidés par des volontaires irréguliers des pays arabes, lancèrent de violentes attaques contre la communauté juive afin de faire échouer le plan de partage et empêcher la création d'un Etat juif. Après quelques revers, les organisations juives de défense repoussèrent la plupart des forces d'agression, prenant le contrôle du territoire alloué à l'Etat juif.

Le 14 mai 1948, date à laquelle le Mandat britannique venait à expiration, la population juive du pays s'élevait à 650 000 personnes, formant une communauté organisée, dotées d'institutions politiques, sociales et économiques bien structurées - en fait, une nation dans tous les sens du terme et un Etat auquel il ne manquait que le nom.

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L'etat d'israel

L'Indépendance

Le 14 mai 1948, l'Etat d'Israël fut proclamé conformément au plan de partage des Nations unies. Moins de 24 heures plus tard, les armées régulières d'Egypte, de la Jordanie, de la Syrie, du Liban et de l'Irak envahissaient le pays, contraignant Israël à défendre la souveraineté qu'il venait de recouvrer dans sa patrie ancestrale. Pendant ce qu'on appela plus tard la guerre d'Indépendance, les Forces de défense d'Israël à peine formées, pauvrement équipées, repoussèrent les envahisseurs au cours de violents combats qui devaient durer quinze mois et qui coûtèrent la vie à plus de 6 000 Israéliens (près d'un pour cent de la population juive du pays à l'époque).

Durant les premiers mois de 1949, des négociations directes menées sous les auspices de l'ONU entre Israël et chacun des pays agresseurs (à l'exception de l'Irak qui refusa de négocier avec Israël) conduisirent à des accords d'armistice reflétant la situation qui prévalait à la fin des combats. De ce fait, la plaine côtière, la Galilée et tout le Néguev se trouvèrent sous souveraineté israélienne, tandis que la Judée et la Samarie passaient sous contrôle jordanien et la bande de Gaza sous administration égyptienne; la ville de Jérusalem fut divisée, la Jordanie contrôlant la partie orientale, y compris la Vieille Ville, et Israël le secteur occidental.

L'édification de l'état

La guerre terminée, Israël consacra tous ses efforts à l'édification de l'Etat pour lequel le peuple avait dû livrer un combat si long et si pénible. La première Knesset (Parlement) de 120 sièges entra en fonction après des élections nationales (25 janvier 1949) auxquelles participèrent près de 85% des électeurs. Deux des hommes qui avaient mené Israël à l'indépendance accédèrent alors aux postes de direction du pays: David Ben Gourion, chef de l'Agence juive, devint Premier ministre et Chayím Weizmann, chef de l'Organisation sioniste mondiale, fut élu président de l'Etat par la Knesset. Le 11 mai 1949, Israël devint le 59ème membre de l'Organisation des Nations unies.

En vertu du concept de "rassemblement des exilés", la véritable raison d'être d'Israël, le pays ouvrit ses portes, confirmant le droit de chaque juif de venir vivre dans le pays et d'en acquérir, dès son arrivée, la citoyenneté. Durant les quatre premiers mois del'indépendance, environ 50 000 nouveaux arrivants, principalement des rescapés de la Shoah, arrivèrent dans le pays. Fin 1951, on comptait 687 000 arrivants, hommes, femmes et enfants, dont plus de 300 000 réfugiés des pays arabes, ce qui doubla la population juive du pays.

Les difficultés économiques provoquées par la guerre d'Indépendance et la nécessité de pourvoir aux besoins d'une population en croissance aussi rapide, imposèrent une politique d'austérité à l'intérieur et le recours à une assistance financière de l'étranger. L'aide du gouvernement des Etats-Unis, les prêts des banques américaines, les contributions des juifs de la diaspora et les réparations versées par l'Allemagne furent utilisés à la construction de logements, à la mécanisation de l'agriculture, à la création d'une flotte marchande et d'une compagnie aérienne nationale, à l'exploitation des minerais disponibles, au développement de l'industrie, des routes, des télécommunications et des réseaux électriques.

Vers la fin de la première décennie, la production industrielle avait doublé, de même que le nombre d'ouvriers, tandis que le volume des exportations industrielles quadruplait. L'extension des surfaces cultivées permit de parvenir à l'auto-suffisance pour tous les produits alimentaires de base à l'exception de la viande et des céréales; 20 000 hectares de terres en friche furent reboisés et des arbres plantés le long de 800 kilomètres de routes.

Le système d'éducation, créé par la communauté juive durant la période pré-étatique et qui comprenait désormais le secteur arabe, fut largement développé. L'école devint gratuite et obligatoire pour tous les enfants de 5 à 14 ans (depuis 1978, elle est obligatoire jusqu'à 16 ans et gratuite jusqu'à 18). Les activités culturelles et artistiques se multiplièrent, intégrant des éléments du Moyen Orient, d'Afrique du Nord et de l'Occident du fait de l'arrivée de juifs venus du monde entier qui apportaient avec eux les traditions propres à leurs communautés ainsi que des aspects culturels des pays où ils avaient vécu durant des générations.

Lorsque l'etat d' Israël célébra son 10ème anniversaire, il comptait une population de plus de deux millions d'habitants.


La campagne du Sinaï, 1956

Ces années de l'édification de l'Etat furent néanmoins assombries par de graves problèmes de sécurité. Non seulement les accords d'armistice de 1949 n'avaient pas débouché sur une paix permanente, mais ils étaient constamment violés. Contrairement à la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU du 1er septembre 1951, les liaisons maritimes avec Israël étaient entravées par l'interdiction faite aux navires à destination ou en provenance d'Israël de traverser le canal de Suez. Le blocus du détroit de Tiran fut renforcé; des incursions en Israël, à partir des pays arabes voisins, semant la mort et perpétrant des actes de sabotages se multiplièrent; et la péninsule du Sinaï devint progressivement une immense base militaire égyptienne.

Avec la signature de l'alliance militaire tripartite entre l'Egypte, la Syrie et la Jordanie (octobre 1956), l'imminence de la menace contre l'existence d'Israël se précisa. Au cours d'une campagne de huit jours, Tsahal (l'armée israélienne) conquit la bande de Gaza et toute la péninsule du Sinaï, en s'arrêtant à 16 kilomètres à l'est du canal de Suez. La décision des Nations unies d'envoyer des forces d'urgence pour stationner le long de la frontière israélo-égyptienne et les garanties fournies par l'Egypte d'assurer la libre navigation dans le golfe d'Eilat conduisirent Israël à accepter une évacuation par étapes (de novembre 1956 à mars 1957) des territoires conquis par Israël quelques semaines plus tôt.

En conséquence, le détroit de Tiran a été ouvert, permettant le développement de relations commerciales avec les pays d'Asie et d'Afrique, ainsi que l'importation de pétrole du golfe Persique.

Années de consolidation

Pendant la deuxième décennie (1958-68), les exportations doublent et le PNB augmente d'environ 10% par an. Israël produit désormais un certain nombre d'articles jusqu'alors importés: papier, pneus, radios et réfrigérateurs, mais c'est surtout dans les nouvelles branches industrielles (métallurgie, mécanique, chimie et électronique) qu'ont lieu les progrès les plus rapides. Le marché intérieur de produits alimentaires ayant atteint son point de saturation, l'agriculture se tourne désormais vers des cultures destinées aux industries alimentaires et à l'exportation. Pour répondre aux besoins du trafic commercial accru, un nouveau port en eaux profondes est construit sur la côte méditerranéenne à Ashdod, s'ajoutant ainsi à celui de Haïfa.

A Jérusalem, un bâtiment permanent est construit pour la Knesset ainsi que de nouveaux locaux pour le Centre médical Hadassah et l'Université de Jérusalem, remplaçant ceux du mont Scopus abandonnés après la guerre d'Indépendance. Vers la même époque, le Musée Israël est créé afin de rassembler, conserver, étudier et exposer les trésors artistiques et culturels du peuple juif.

Les relations étrangères se développent régulièrement et des liens étroits sont noués avec les Etats-Unis, les pays du Commonwealth, la plupart des pays européens, presque tous les pays d'Afrique et d'Amérique latine et certains d'Asie. D'importants programmes de coopération internationale sont lancés et des centaines de médecins, ingénieurs, professeurs, agronomes, experts en irrigation et instructeurs de mouvements de jeunesse partagent leur savoir-faire et leur expérience avec les peuples des pays en voie de développement.

En 1965, Israël et la République fédérale d'Allemagne échangent des ambassadeurs, décision qui avait été retardée en raison de l'amertume du peuple juif à l'égard des crimes perpétrés par le régime nazi (1933-45). Une opposition véhémente et de longs débats publics précédèrent cette normalisation des relations entre les deux pays.

Le procès Eichmann

En mai 1960, Adolf Eichmann, l'un des principaux organisateurs du programme nazi d'extermination des juifs durant la Deuxième Guerre mondiale, est emmené en Israël pour être jugé aux termes de la loi de 1950 sur le Châtiment des nazis et de leurs collaborateurs. Lors de son procès, ouvert en avril 1961, Eichmann fut reconnu coupable de crimes contre l'humanité et le peuple juif, et condamné à mort. Après le rejet de son appel par la Cour suprême, il fut pendu le 30 mai 1962. C'est le seul cas où la peine de mort a été appliquée en vertu de la loi israélienne.

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D'une guerre a l'autre

La guerre des six jours, 1967

Les espoirs d'une décennie de relative tranquillité furent balayés par l'intensification des raids terroristes arabes lancés à partir des frontières avec l'Egypte et la Jordanie, par les incessants bombardements d'artillerie des villages du nord de la Galilée et par les préparatifs militaires des êtats voisins. Lorsqu'en mai 1967, l'Egypte procéda à d'importants mouvements de troupes dans le désert du Sinaï, exigea le départ des forces de maintien de l'ordre de l'ONU qui s'y trouvaient depuis 1957, réimposa le blocus du détroit de Tiran et signa une alliance militaire avec la Jordanie, Israël se retrouva face à des armées arabes hostiles sur tous les fronts. L'Egypte violant les accords signés en 1956 après la campagne du Sinaï, Israël usa de son droit de légitime défense en déclenchant une attaque préventive (5 juin 1967) contre l'Egypte au sud, suivie d'une contre-offensive à l'agression jordanienne à l'est et de l'expulsion des forces syriennes du plateau du Golan au nord.

Après six jours de combat, de nouvelles lignes de cessez-le-feu remplacèrent les anciennes, la Judée, la Samarie, la péninsule du Sinaï, la bande de Gaza et le plateau du Golan passant sous contrôle israélien. Les villages du nord du pays furent alors libérés de 19 années de menace des bombardements syriens; la navigation des navires israéliens par le détroit de Tiran était désormais assurée et Jérusalem, divisée entre Israël et la Jordanie depuis 1949, fut réunifiée sous autorité israélienne.

D'une guerre à l'autre

La guerre terminée, Israël eut pour objectif diplomatique de transformer sa victoire militaire en une paix durable fondée sur la résolution 242 du Conseil de sécurité de l'ONU qui prévoyait entre autres "la reconnaissance de la souveraineté, de l'intégrité territoriale et de l'indépendance politique de tous les Etats de la région et leur droit à vivre en paix dans des frontières sûres et reconnues, à l'abri des menaces et du recours à la force". Mais la position arabe, formulée lors de la Conférence au sommet de Khartoum (août 1967) se résumait comme suit: "pas de paix avec Israël, pas de négociations avec Israël, pas de reconnaissance d'Israël". En septembre 1968, l'Egypte déclencha une "guerre d'usure" consistant en des opérations sporadiques sur les rives du canal de Suez, et qui dégénéra en une véritable guerre locale infligeant de lourdes pertes aux deux parties. Les hostilités prirent fin en 1970 lorsque l'Egypte et Israël acceptèrent un nouvel accord de cessez-le-feu le long du canal de Suez.

La guerre de kippour, 1973

Trois années de calme relatif prirent fin le jour de Kippour (jour du Grand pardon, journée la plus sacrée du calendrier hébraïque) lorsque l'Egypte et la Syrie lancèrent une attaque surprise conjointe contre Israël (le 6 octobre 1973), l'armée égyptienne traversant le canal de Suez et les troupes syriennes envahissant le plateau du Golan. En trois semaines, les Forces de défense d'Israël reprirent l'avantage, repoussèrent l'ennemi, traversèrent le canal de Suez et avancèrent jusqu'à 32 km de Damas, la capitale syrienne. Deux années de difficiles négociations entre Israël et l'Egypte et entre Israël et la Syrie aboutirent à des accords de désengagement aux termes desquels Israël évacua une partie des territoires conquis pendant la guerre.

De la guerre à la paix

La guerre de Kippour avait coûté à Israël un an de son PNB, mais durant la deuxième moitié de 1974, l'économie s'était rétablie. Les investissements étrangers augmentèrent considérablement et, lorsqu'Israël devint membre associé de la Communauté économique européenne en 1975, de nouveaux débouchés s'ouvrirent aux produits israéliens. Le tourisme fut de nouveau en plein essor, le nombre annuel de visiteurs dépassant le million.

Les élections législatives de 1977 portèrent au pouvoir le bloc du Likoud, coalition des partis libéral et du centre, mettant fin à près de 30 ans de prédominance travailliste. En prenant ses fonctions, le nouveau premier ministre, M. Ménahem Bégin, confirma les engagements pris par tous ses prédécesseurs d'oeuvrer pour une paix durable dans la région et lança un appel aux dirigeants arabes pour l'ouverture de négociations.

Le cycle des rejets par les Arabes de tous les appels à la paix lancés par Israël fut rompu par la visite du président égyptien Anouar Sadate à Jérusalem (novembre 1977), visite qui fut suivie par des négociations entre Israël et l'Egypte sous les auspices américains. Ces négociations aboutirent aux Accords de Camp David de septembre 1978, comprenant des propositions précises d'auto-détemination pour les Palestiniens. Le 26 mars 1979, Israël et l'Egypte signèrent un traité de paix à Washington, mettant ainsi fin à 30 années d'état de guerre entre les deux pays.

Conformément aux clauses de ce traité, Israël procéda au retrait de la péninsule du Sinaï, transformant les anciennes lignes de cessez-le-feu et d'armistice en frontières internationales reconnues.

Certains Etats africains qui avaient rompu leurs relations avec Israël par suite des pressions arabes durant la crise pétrolière de 1973, rétablirent les contacts dans les années 1980, donnant une nouvelle impulsion aux relations économiques et rétablissant officiellement des relations diplomatiques.


1982: Opération "Paix pour la Galilée"

La frontière internationale avec le Liban n'avait jamais été remise en cause. Cependant, lorsque l'OLP (Organisation de libération de la Palestine) se redéploya dans le sud du Liban après avoir été expulsée de Jordanie (1970) et perpétra à plusieurs reprises des actes terroristes contre les villes et les villages du nord d'Israël (Galilée), causant de nombreuses victimes et de graves dommages, Tsahal franchit la frontière libanaise (1982). L'opération "Paix pour la Galilée" permit l'élimination de la majeure partie de l'infrastructure militaire et administrative de l'OLP dans la région. Depuis lors, Israël maintient une petite zone de sécurité au sud-Liban adjacente à sa frontière nord afin de préserver les habitants de la Galilée des attaques continues d'éléments hostiles.

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Defis interieurs

Au cours des années 1980 et 1990, Israël a intégré plus de 750 000 nouveaux immigrants, principalement de l'ex-Union Soviétique, d'Europe de l'Est et d'Ethiopie. L'afflux d'un nombre si important de "nouveaux consommateurs" ainsi que d'une main-d'oeuvre qualifiée ou non, combiné à d'énergiques mesures destinées à juguler l'inflation, ont stimulé l'économie au point que le PNB a connu l'un des taux de croissance les plus élevés des pays occidentaux.

Le gouvernement arrivé au pouvoir après les élections législatives de 1984 était constitué des deux principaux blocs politiques: Travaillistes (gauche/ centre) et Likoud (droite/centre). Il a été remplacé en 1988 par un gouvernement de coalition dirigé par le Likoud qui après avoir achevé son mandat de quatre ans a laissé la place à une coalition des Travaillistes et de petits partis de gauche. Durant ces années, les deux gouvernements ont oeuvré pour la paix, le développement économique et l'intégration des immigrants en accord avec leurs convictions politiques propres.


Vers la paix dans la région

Depuis la signature du traité de paix Israël-Egypte (1979), diverses initiatives ont été proposées par Israël et d'autres pour poursuivre le processus de paix au Moyen Orient. Ces efforts ont conduit à la Conférence de paix de Madrid (octobre 1991), organisée sous le parrainage américain et soviétique, avec la participation de représentants d'Israël, de la Syrie, du Liban, de la Jordanie et des Palestiniens. L'ouverture officielle a été suivie de négociations bilatérales entre les parties et de conversations multilatérales portant sur les affaires régionales.

Négociations bilatérales

Israël et les Palestiniens: Après des mois de contacts secrets intensifs à Oslo entre Israéliens et membres de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), une déclaration de principes a été rédigée traçant les grandes lignes de l'autonomie palestinienne en Judée-Samarie et dans la bande de Gaza. Sa signature avait été précédée d'un échange de lettres (septembre 1993) entre Yasser Arafat, chef de l'OLP, et le premier ministre Yitzhak Rabin, dans lesquelles l'OLP renonçait à l'usage du terrorisme, s'engageait à amender les articles de sa Charte déniant le droit d'Israël à l'existence et s'engageait à rechercher une solution pacifique au conflit territorial entre Palestiniens et Juifs. En réponse, Israël reconnaissait l'OLP comme le représentant du peuple palestinien.

Signée par Israël et l'OLP à Washington en septembre 1993, cette déclaration contenait une série de principes généraux acceptés par les deux parties, concernant une période intérimaire de cinq ans d'autonomie palestinienne devant être mise en place en quatre étapes. La première étape, concernant l'autonomie dans la bande de Gaza et la région de Jéricho, s'est déroulée en 1994. En août de la même année, la deuxième étape a été amorcée pour transférer des pouvoirs et conférer des responsabilités aux représentants palestiniens sur la Rive occidentale dans cinq domaines: éducation et culture, santé, questions sociales, fiscalité directe et tourisme. L'accord intérimaire israélo-palestinien de septembre 1995, constituant la troisième étape, élargissait l'autonomie palestinienne en Judée-Samarie en faisant procéder à l'élection d'une autorité autonome - le Conseil palestinien - qui allait permettre aux Palestiniens de diriger leurs affaires intérieures.

La dernière étape - les négociations entre les parties sur le statut final - a commencé comme prévu en mai 1996. Ces discussions devraient déterminer la nature du règlement permanent concernant les autres questions telles que: les réfugiés, les localités de peuplement, la sécurité, les frontières et Jérusalem.

Israël et la Jordanie: Après la conférence de Madrid, trois ans de conversations entre la Jordanie et Israël ont abouti à une déclaration du roi Hussein et du premier ministre Yitzhak Rabin (juillet 1994) mettant fin à 46 ans d'état de guerre entre les deux pays. Le traité de paix israélo-jordanien a été signé à la frontière de la Arava (près d'Eilat en Israël et d'Akaba en Jordanie) le 26 octobre 1994, en présence du président américain Bill Clinton. Depuis lors, Israël et la Jordanie ont commencé une coopération dans de nombreux domaines pour le bénéfice mutuel des deux pays.

Israël et la Syrie: S'inspirant de la formule de Madrid, les négociations entre les délégations israéliennes et syriennes, commencées à Washington, se tiennent à intervalles espacés au niveau des ambassadeurs, avec la participation de hauts fonctionnaires américains. Les deux dernières sessions de négociations israélo-syriennes (décembre 1995 et janvier 1996) ont mis l'accent sur la sécurité et d'autres questions cruciales. Extrêmement précises et abordant tous les sujets, les négociations ont permis de déceler d'importants points d'accords de principe et une volonté de poursuivre ultérieurement les débats.

Négociations multilatérales

Les négociations multilatérales, faisant partie intégrante du processus de paix, ont pour objectif de trouver des solutions à d'importants problèmes régionaux tout en instaurant une confiance propre au développement de relations normalisées entre les nations du Moyen Orient. Après la Conférence multilatérale de Moscou sur le Moyen Orient (janvier 1992) à laquelle participaient 36 pays et des organisations internationales, les délégations se sont scindées en cinq groupes de travail, chacun ayant pour thème un intérêt régional commun - environnement, contrôle des armements et sécurité régionale, réfugiés, ressources en eau et développement économique. Ils se rencontrent au cours de divers forums organisés dans la région.

Israël au seuil du XXIe siècle

Après l'assassinat du premier ministre Yitzhak Rabin (novembre 1995) le gouvernement - faisant usage de son droit de nommer un ministre (qui doit également être député à la Knesset) pour occuper le poste de premier ministre jusqu'aux prochaines élections - a désigné le ministre des Affaires étrangères Shimon Pérès en lui conférant tous les pouvoirs attachés au poste. Les élections de mai 1996 ont porté au pouvoir un gouvernement de coalition constitué de divers éléments nationalistes, religieux et centristes, et dirigé par M. Binyamin Netanyahu du Likoud.

Outre les intérêts généraux de l'Etat d'Israël, les défis auxquels est confronté le gouvernement aujourd'hui sont, entre autres: la poursuite du processus de paix; la sécurité nationale; l'extension de ses liens diplomatiques à travers le monde; l'amélioration du système éducatif par la réduction des effectifs par classe et par l'allongement de la journée scolaire; la promotion de l'égalité des chances en matière éducative; le développement des études scientifiques et technologiques afin d'épauler l'industrie israélienne; l'essor de la compétitivité économique tout en réduisant l'interventionnisme étatique; la réduction du déficit de la balance des paiements; le maintien d'un faible taux d'inflation; la rationalisation de la bureaucratie gouvernementale; l'allègement de la charge fiscale; la solution aux problèmes de logements; et l'intensification de l'infrastructure. L'importante immigration dans le pays et le processus de paix devraient exercer une influence bénéfique sur la poursuite de la croissance israélienne et son développement au cours du prochain siècle.

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Revised: 02/02/01 .